Le monde du numérique aujourd’hui
En 2019, 31 milliards d’équipements numériques étaient présents dans le monde pour 4,1 milliards d’utilisateurs ce qui équivaut à 8 équipements par personne selon Green It. L’impact de la pandémie COVID-19 a augmenté l’usage du digital et précipité la transformation numérique des entreprises. Avec l’essor du télétravail, du commerce en ligne et des loisirs liés au digital, le trafic internet et l’usage quotidien des appareils numériques a explosé de plus de 35% à 60% selon les pays confinés. En Suisse par exemple, l’e-commerce a augmenté de 33% en 2020 par rapport à l’année d’avant d’après La vie économique.
Une nouvelle pollution
Contrairement à ce que l’on peut penser, le numérique ne permet pas de réduire nos impacts environnementaux. Au contraire, plus on dématérialise, et plus on pollue de par le fonctionnement d’Internet et la fabrication des équipements informatiques (smartphone, ordinateurs, tablettes, objets connectés, etc.). En 2019 la pollution numérique représentait environ 3,8% des émissions de gaz à effet de serre. C’est deux fois plus que l’aviation civile. D’ici 2025, ce chiffre va doubler et dépasser le secteur de l’automobile. Par exemple, faire une requête sur Google équivaut à 7 grammes de CO2 rejeté dans l’atmosphère. Au total, 7 tonnes de CO2 par jour pour les recherches sur Google, soit quotidiennement l’équivalent de 7 ans de chauffage d’un 3 pièces d’après l’article Green is the new web. Pour contrer ce phénomène invisible et grandissant, des éco-gestes numériques existent et peuvent être adoptés dans nos actions quotidiennes. De plus, des nouvelles notions telles que le Green UX émerge afin de trouver des solutions aux impacts environnementaux du web.
Qu’est-ce que le Green UX ?
Le Green UX ou encore l’éco-conception web sont des termes qui font intervenir la dimension environnementale dans la manière de concevoir les équipements, les produits ou services digitaux. Il faut savoir que consulter un site interne consomme de l’énergie. Plus le site est complexe et plus il rejette du CO2. Des outils existent afin d’évaluer l’impact de son site internet tels que :
- Ecoindex.fr : mesure la performance environnementale des sites web pour aider à identifier des solutions pour réduire cet impact.
- Websitecarbon.com : analyse l’empreinte carbone d’un site internet et si ce dernier est hébergé chez un hébergeur vert. Il permet de comprendre pourquoi le site consomme autant, ou si peu (illustration ci-dessous).
- Ecometer.org : évalue la maturité du site web selon les bonnes pratiques en matière d’éco-conception web.
- GreeIT-Analysis : une extension de navigateur qui regroupe les fonctionnalités d’écoindex.fr et ecometer.org.
Ces outils sont un bon point de départ pour aller vers une conception plus responsable du web. Cependant, la protection de l’environnement doit être prise en compte en amont de la conception d’un produit et considérée tout au long du processus. C’est pourquoi, l’expérience utilisateur (UX) permet d’atteindre les objectifs d’une conception écologique. Les intentions de la conception écologique rejoignent les enjeux de l’UX qui sont la durabilité, l’efficacité, l’efficience et l’accessibilité.
Le rôle de l’UX
« Plus on intervient tôt, c’est-à-dire lors de l’expression du besoin, de la conception fonctionnelle du maquettage, plus l’effet de levier est fort en termes de réduction de l’empreinte environnementale ». – Frédéric Bordage, Ecoconception / les 115 bonnes pratiques.
En tant que concepteurs UX, notre rôle est de garantir une expérience optimale pour vos utilisateurs. De ce fait, l’un des principes fondamentaux de l’UX est d’intégrer les utilisateurs le plus tôt possible afin de concevoir pour eux, avec eux. En tant qu’experts UX, nous veillons à assurer l’utilité, l’efficacité, l’efficience, la satisfaction de l’interface ainsi que son accessibilité. Pour ce faire, plusieurs méthodes UX (observations, entretiens, tests utilisateurs, maquettage, etc.) sont mises en place afin de comprendre, d’identifier et de répondre aux besoins et usages de vos utilisateurs cibles. L’UX a une place prépondérante dans la conception d’un produit ou d’un service et a un grand rôle à jouer dans l’éco-conception web.
Less is More
Selon plusieurs études, il a été démontré que 70% des fonctionnalités demandés par les utilisateurs ne sont pas essentielles et que 45% ne sont jamais utilisés d’après le livre Ecoconception web / les 115 bonnes pratiques. En tant qu’expert, nous allons à la rencontre des utilisateurs pour comprendre leurs besoins et attentes du produit afin de prioriser les fonctionnalités attendues selon leur degré d’importance. En réduisant le nombre de fonctionnalités en se concentrant seulement sur les besoins essentiels de l’utilisateur, on simplifie l’interface et le parcours afin de réduire l’effort de ce dernier pour utiliser le produit. Par conséquent, nous réduisons les coûts de développement, augmentons le confort des utilisateurs et diminuons les impacts environnementaux.
Fluidifier le parcours utilisateur
Un facteur déterminant de l’impact environnemental d’un site web est le temps passé sur celui-ci. C’est pourquoi, il faut s’assurer que l’utilisateur trouve ce dont il a besoin rapidement sur le site ou l’application. Notre objectif en tant qu’UX Designer est de fluidifier et de simplifier le parcours des utilisateurs en réduisant par exemple le nombre d’écrans, d’étapes ou d’interactions pour qu’ils accomplissent leur objectif. Une architecture de l’information ergonomique permet de faciliter la recherche d’une information par l’utilisateur. Il faut toutefois veiller à ne pas complexifier les écrans en les rendant trop riches d’informations.
Rendre l’expérience accessible à tous
Pour concevoir des produits durables, il est important d’intégrer la dimension sociale au travers de l’accessibilité. Cela consiste à permettre aux personnes en situation de handicap (visuel, moteur, cognitif, etc.) temporaire ou permanent d’utiliser l’interface web. Concevoir des produits ou services accessibles vous permet d’inclure le public d’utilisateurs le plus large possible et cela a des avantages à la fois sociaux et économiques. De plus, l’accessibilité va de paire avec l’éco-conception car les bonnes pratiques en accessibilité tendent le plus souvent vers l’efficience. En concevant des pages accessibles, on réalise des pages moins lourdes. On enlève les éléments qui complexifient la page et qui la rendent difficile à lire pour des personnes en situation de handicap. Suivre les pratiques de conception universelle garantit que les produits soient à la fois durables, écoresponsables et accessibles à tous.
Concevoir Mobile First
Le mobile est le support le plus répandu pour effectuer une recherche sur Internet. Il dépasse très largement l’ordinateur. Le concept Mobile First est apparu en Web Design et consiste à concevoir un site au format mobile pour le décliner ensuite sur des écrans plus larges. Ce concept dépasse le responsive design, les règles et les processus sont repensés. En effet, cette approche nous engage en tant que concepteurs à accepter toutes les contraintes liées au mobile : écran plus petit, performances limitées, contexte d’utilisation défavorable à la concentration… Ainsi, nous considérons le contenu et les interactions pour atteindre les objectifs essentiels avant d’ajouter des fonctionnalités supplémentaires. L’interface est donc plus épurée, plus simple dans son utilisation et les impacts environnementaux réduits.
En résumé…
L’éco-conception consiste à ne garder que ce qui est essentiel en réduisant la couverture et la profondeur fonctionnelle d’un produit ou d’un service. L’UX a donc son rôle à jouer en amont de la conception en analysant et définissant les besoins et usages des utilisateurs, leurs caractéristiques, le contexte d’utilisation afin de trier et prioriser les fonctionnalités pour concevoir l’expérience la plus optimale. En UX, on conçoit et on évalue un site web ou une application dans une situation complexe et holistique. S’assurer que toutes les idées énoncées précédemment soient intégrées, mènera à une amélioration des performances, plus de satisfaction pour les utilisateurs et à une réduction de l’impact environnemental. En tant qu’UX Designer, nous avons l’expertise, la connaissance et les ressources pour avoir un impact durable et s’assurer de concevoir des produits et services inclusifs, performants et utiles.
Pour aller plus loin :
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’éco-conception et connaître d’autres astuces en tant qu’utilisateur/utilisatrice pour consommer moins dans la vie quotidienne, vous trouverez quelques lectures qui pourraient vous intéresser :
- Pollution numérique : du clic au déclic par Qu’est-ce qu’on fait ?! : https://www.qqf.fr/infographie/69/pollution-numerique-du-clic-au-declic
- Guide pratique de l’éco-conception par l’ADEME : https://bourgogne-franche-comte.ademe.fr/sites/default/files/cgpme-guide-eco-conception-ld.pdf
- La face cachée du numérique par l’ADEME : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-face-cachee-numerique.pdf