Le 20 janvier 2022 tombe une incroyable nouvelle. Dans des communiqués de presse, des interviews, des stories Instagram, la fondation française 1 Ocean et l’Unesco disent avoir découvert un récif de corail florissant au large de Tahiti, en Polynésie française. La nouvelle enflamme les [médias et] réseaux sociaux.
Alors qu’on ne parle que de sécheresse et d’inondations, l’information a de quoi réjouir. Mais dans ce déluge de communication, un mot déclenche l’ire des Tahitiens : “découverte”.
Situé au sud-est des côtes tahitiennes, le récif est impressionnant. Il se déploie sur 3 kilomètres à 65 mètres de profondeur, et alors que de nombreux coraux souffrent du réchauffement des océans et se mettent à blanchir, ceux-ci sont en pleine forme. Certaines colonies sont tellement grandes – et donc âgées – qu’elles pourraient recouvrir un grand lit double. Les coraux forment de majestueuses corolles ressemblant à d’étranges et immenses chanterelles sous-marines, voire des “œuvres d’art”, pour reprendre la formule de l’Unesco.
“Quand j’ai vu les images, je me suis dit : je connais cet endroit, raconte Dell Lamartinière, un pêcheur sous-marin qui visite le récif chaque semaine. J’habite tout près. Je pêche dans cette zone depuis que je suis tout petit.”
Crainte, colère, indignation
À Tahiti, l’annonce a suscité de vives réactions. Heurté par l’utilisation du mot “découverte”, le gouvernement polynésien regrette qu’“il faille attendre l’intervention de certaines personnes pour enfin découvrir les merveilles du monde”.
Peu après l’annonce, une pétition lancée avec le soutien d’autorités locales souhaite empêcher 1 Ocean et l’Unesco de mener d’autres missions de recherche sur ce récif. Sur les réseaux sociaux, des habitants expriment leur crainte, leur colère et un certain racisme en dénonçant non seulement l’expédition internationale, mais aussi les popa’a (les étrangers [non polynésiens]) et les scientifiques en général.
Une biologiste responsable de différents projet