La Chine envisage une présence permanente sur Mars, la NASA y songe également et procède déjà à quelques tests grandeur nature, Elon Musk s'imagine empereur des colonies multi-planétaires qu'il aura contribué à créer avec SpaceX: la planète rouge semble être, pour l'humanité, un horizon presque certain.
À moins que. À moins que tout ceci ne soit pas possible –du moins pas avec les êtres humains tels que nous les connaissons aujourd'hui. C'est la conclusion en forme de douche froide à laquelle est arrivée une équipe internationale de scientifiques: la durée d'une mission vers Mars ne pourrait excéder quatre années sans mettre en péril l'existence même des hommes et des femmes qui y prendraient part.
Les problèmes dus aux radiations cosmiques, cause de ce danger existentiel, sont connus depuis toujours –c'est cette durée très limitée, calculée sur une base scientifique, qui est en revanche nouvelle. Mars ne bénéficie pas ou plus d'une magnétosphère aussi efficace que celle de la Terre, qui protège ses habitants de ces radiations.
Les êtres humains envoyés y crapahuter ou construire des cabanes seront donc plus directement exposés à ces mortelles radiations, issues non seulement du Soleil, mais aussi voire majoritairement de corps célestes bien plus lointains.
Sur Mars et ça repart
Pour effectuer leurs calculs, les scientifiques de l'UCLA, du MIT, de l'Institut des sciences et de la technologie de Skolkovo à Moscou et du German Research Centre for Geosciences (GFZ) à Potsdam ont combiné des modèles géophysiques de radiation des particules et des modèles étudiant les effets desdits rayonnements sur les engins spatiaux et leurs équipages de chair et de sang.
Avec les moyens technologiques actuels ou envisageables dans un futur proche, un voyage vers notre voisine rouge prendrait environ neuf mois. Une durée équivalente doit être prise en compte pour le retour: il resterait donc un peu plus de deux ans aux marsonautes pour coloniser Mars, après quoi leur survie ne serait nullement garantie.
Outre ce calcul de quatre ans, la même équipe de scientifiques a déterminé que le meilleur moment pour envoyer des êtres humains vers Mars serait lors du paroxisme d'un «maximum solaire»: les particules alors émises par notre chère étoile pourraient détourner d'autres rayonnements, plus dangereux, venus d'au-delà du système solaire.
L'idée d'une colonisation de Mars sur une longue durée doit-elle être abandonnée? Sans doute pas. Si elle doit avoir lieu, elle prendra peut-être une forme différente que celle que beaucoup imaginaient jusqu'ici.
Tenant certes encore de la science-fiction, des solutions sont envisagées pour recréer une magnétosphère protectrice autour de la planète, ou pour créer génétiquement des êtres surhumains, plus résistants aux rudes conditions de la vie martienne.
